Étaient-ce les exploits d'Énée qui ont passionné les lecteurs anciens et modernes du poème ? Était-ce la violence tranquille de l’Iliade qu’ils y cherchaient ? Ils ne l’y auraient pas trouvée, car, bien différente des épopées homériques, l’Énéide est une symphonie à l’harmonie aussi savante que limpide, d’une grâce sans mièvrerie, voilée d’une légère mélancolie. Virgile est le plus mozartien des poètes antiques. Les lecteurs romains, admiratifs, ont dû estimer que désormais l’Iliade n’était qu’une ébauche grossière de l’épopée virgilienne.
Paul Veyne