Toute connaissance s'éclaire par la comparaison. En particulier, toute œuvre littéraire se comprend d'autant mieux que l'on peut la situer plus rigoureusement par rapport à celles qui l'ont précédée et à partir desquelles elle s'est définie.
Or, s'il est un domaine qui prête à des comparaisons de ce genre, c'est bien celui du théâtre grec. Sans doute serait-ce le cas pour n'importe quelle série d'œuvres dans la littérature grecque, car celle-ci présente ce double caractère d'avoir été entraînée, du moins à l'époque classique, par un élan de renouvellement exceptionel et d'avoir cependant volontiers déguisé ses innovations sous le masque de la tradition.
Cependant, le fait est plus sensible encore dans le domaine de la tragédie. Là, en l'espace d'un siècle, on dispose de trois auteurs, qui se sont succédé de façon continue, avec des périodes de chevauchement importantes ; et ces trois auteurs n'ont cessé de donner à un même public, dans un même cadre matériel, des pièces de même structure, pourtant sur les mêmes sujets - pièces qui étaient, pourtant, profondément différentes.