Bernard le Clunisien — qui résidait au prieuré clunisien de Nogent-le-Rotrou au milieu du XIIe siècle — a été l'un des plus brillants poètes latins et un des plus virulents contestataires de son temps. Son livre sur les huit péchés capitaux (De octo vitiis) est adressé au pape Eugène III; Bernard raconte comment il est allé lui-même à Rome présenter au pape son grand poème de 1400 vers.
Exposé des racines du mal, réflexion sur la fragilité et la précarité de la condition humaine, complainte et satire contre les désordres et les injustices de la société de son époque, appel à une profonde conversion, tels sont les principaux développements de cette œuvre surprenante.Pour faire passer un sujet aussi sérieux et austère, Bernard sait mobiliser de façon remarquable tous les moyens du savoir-faire poétique et dela rhétorique.
Le grand poème latin, fondé sur le seul manuscrit connu qui se trouve au Vatican, est traduit ici pour la première fois en français et dans une expression poétique; il nous fait rejoindre une réflexion de plusieurs siècles sur les péchés dits capitaux, une tradition morale et spirituelle qui demeure une composante essentielle de notre culture.
Après avoir été professeur de philosophie, André Cresson s'est orienté vers des études et des recherches concernant les langues et les cultures. Pendant vingt ans Directeur de formation et Président au plan national de la Société pour l'Éducation, la Formation et la Recherche Interculturelles, il a fondé la revue Intercultures et en a assuré la direction. Chercher à comprendre un moine-poète latin du Moyen Âge est aussi une traversée interculturelle.