Animé d'une insatiable curiosité et grand voyageur, Lucien de Samosate décida en 164 de faire un détour par la ville paphlagonienne d'Abonotique pour y observer de près un nouveau culte oraculaire florissant.
Sans doute son dernier ouvrage, l’Alexandre est un document rare qui tient à la fois de l’autobiographie et de l’étude de mœurs: dénonçant en Alexandre, prophète du dieu Glycon aux allures de serpent, un simple imposteur, Lucien excelle à démasquer la bêtise de ses contemporains et relate avec verve les mauvais tours qu’il joua au charlatan. Si le ton est celui d’un pamphlet facétieux, la science est celle d’un sage teinté d’épicurisme et révulsé par les simagrées des pythagoriciens, des stoïciens, des cyniques, voire des chrétiens. D’Erasme et Rabelais à Renan en passant par Voltaire, nombreux sont les « penseurs libres » qui ont vu en Lucien, et singulièrement dans cet ouvrage, l’une des expressions les plus rigoureuses de la pensée critique.