Symmaque, sénateur romain, fut l'un des derniers représentants du paganisme, et son nom reste attaché à une fidélité intempestive aux vieilles traditions romaines : quelques années avant la prise définitive de Rome par Alaric, le sénateur invoquait encore les dieux anciens et croyait l'Empire Eternel. Issu de la noblesse, il poursuit sa carrière politique tout en combattant le christianisme et son représentant Ambroise, le fameux évêque de Milan. C'est en vain qu'il réclame et le retour à l’ancienne religion, et le rétablissement de l’Autel de la Victoire, symbole du paganisme comme religion civile. Tant sur le plan politique que sur le plan religieux, Symmaque fut l’homme des causes perdues. Il n’en était pas moins un homme de plume : sa correspondance, qui occupe les quatre cinquièmes de son œuvre, alterne les récits anodins et les plaidoyers véhéments. A elle seule, elle constitue de passionnantes « chroniques des derniers païens ».
Notre édition rassemble en quatre volumes les dix livres de lettres transmises sous le nom de Symmaque. La riche introduction du tome I fait le point des connaissances sur l’auteur en discutant notamment les hypothèses de Stout et de Seeck. Est proposée une réflexion sur le genre épistolaire et sur la langue de cet auteur « à l’esprit abondant et au verbe étroit », selon le mot d’Alain de Lille. Des informations sur les destinataires, nombreux et divers, allant de la famille proche à Ausone ou à Eusèbe, sont fournies et assurent la bonne intelligence de ces lettres. Des notes, développées en fin d’ouvrage par des notes complémentaires, guident le lecteur dans cette période historique complexe, riche en vicissitudes, complots et rebondissements. Le tome IV est en outre enrichi d’un Index général.