Les Athéniens se sont donné pour ancêtre primordial et premier roi un être né de la Terre, hybride, mi-homme mi-serpent, prénommé Kékrops. Ce choix peut paraître surprenant. Il se comprend dès lors qu'on l'envisage dans le contexte d’un imaginaire mythique chargé de légitimer le patronage d’Athéna et l’origine autochtone dont le serpent constitue l’emblème établi. Dans cette " construction " idéale, le personnage de Kékrops tient un rôle déterminant pour des raisons qui ne sont pas toutes clairement exprimées, voire assumées.
Cet ouvrage, conçu sous la forme d’une enquête méthodique, se propose de les mettre en lumière et de leur redonner sens. Ce faisant, il vise à faire apparaître l’originalité des Athéniens et leur habileté remarquable à composer avec les données traditionnelles de la double nature et, plus largement, avec celles du problème de la différence entre l’homme et l’animal, pour imposer un imaginaire en parfait accord avec leurs principes idéologiques et politiques.
Ancien élève de l'ENS Fontenay-Saint-Cloud, agrégé de lettres et docteur, Laurent Gourmelen est maître de conférences de langue et littérature grecques à l'Université d'Angers.