Les cités de l'aristocratie grecque archaïque reconnaissaient l'activité, le travail comme une exigence éthique, mais leur cohésion supposait aussi un idéal de tranquillité individuelle et collective (hèsychia) dont ce livre suit d'abord le développement jusqu'à la huitième Pythique de Pindare (dont on trouvera le texte, la traduction, un commentaire historique et une interprétation).
Dans la démocratie athénienne, cet idéal d'
hèsychia subsiste, mais, sous la forme nouvelle de l'
apragmosynè ou « refus des affaires », il entre en conflit avec l'exigence de participation directe à la cité: de nombreux textes des V
e et IV
e siècles avant notre ère (notamment chez Euripide, Aristophane, Thucydide et Platon) ne prennent tout leur sens que dans cette perspective.
Les penseurs et les philosophes du IV
e siècle (notamment Platon, Xénophon, Isocrate et Aristote) recomposent ce passé pour construire une idéologie du « loisir » (
scholè) à la fois actif et tranquille, dont la troisième partie du livre étudie la naissance et les implications à la fois théoriques et historiques, tandis qu'un Démosthène tente encore de tenir son poste au cœur de la démocratie athénienne.
Paul Demont est professeur de langue et littérature grecques à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris - IV).