« D'où vient que je frissonne? » s'écrie Oreste gagné par la folie. Si ces mots sont ceux que Racine a placés dans la bouche du héros grec, ils conviendraient parfaitement à la tragédie éponyme d'Eschyle, et plus généralement à tout son théâtre. Sous toutes ses formes, métaphorique, sentimentale, religieuse, physique voire médicale, la peur habite les personnages d'Eschyle et gagne le spectateur. Dans cette étude qui fit date, Jacqueline de Romilly analyse les différents visages que prend la crainte dans la poésie eschyléenne ainsi que sa signification.
Jacqueline de Romilly occupait au Collège de France une chaire intitulée « La Grèce et la formation de la pensée morale et politique ». Elle a été la première femme professeur au Collège de France (1973), puis la première femme élue à l'Académie des inscriptions et belles lettres (1975). Spécialiste de la civilisation et de la langue grecques, elle fut l'auteur de très nombreux ouvrages sur cette période, notamment sur l'historien Thucydide, le théâtre d'Eschyle et d'Euripide et la guerre du Péloponnèse.