Œuvre longtemps négligée, rejetée comme transgressant les bienséances ou, au contraire, artificiellement promue comme provocante, marginale, indûment chargée aussi d'une information sociologique et morale sur les mœurs antiques, l’homosexualité notamment, les Priapées laissent discerner un fonds originel complexe dans lequel s’amalgament à une influence littéraire hellénisante les composantes diverses d’une tradition romaine, littéraire et populaire. Illustration possible d’une littérature comico-licencieuse aujourd’hui perdue, mais dont les Satyrica de Pétrone peuvent proposer un écho dans le domaine narratif, littérature dans laquelle la uis comica du grotesque et du burlesque s’intègre dans un fonds culturel, les Priapées constituent par la richesse de leurs jeux intertextuels, leurs effets de distanciation et, plus généralement, la maîtrise de leur rédacteur, un document précieux pour approfondir notre connaissance à la fois lexicale, linguistique, stylistique et culturelle de la littérature latine.
Ces différents aspects de l’œuvre sont analysés dans cette édition qui, fondant l’établissement du texte sur un corpus largement étendu de manuscrits, en précise l’histoire, en éclaire les nombreux problèmes d’interprétation, propose une traduction attachée à rendre les variations complexes d’un style trop souvent altéré par la recherche d’un vulgarisme populaire outré et constitue la première édition française proprement scientifique des Priapées.