John fit tourner l’objet entre ses mains ; l’éleva vers la lumière ;
le maintint de telle sorte que sa masse irrégulière effaça le corps
et le bras droit tendu de son ami.
Brandi tantôt vers le ciel ou en direction de ce corps, le vert
prenait des nuances plus ou moins claires. Cela plaisait à John ;
l’intriguait ; un objet si dur, si concentré, si précis, comparé au
flou de la mer et au vaporeux du rivage.
Deux jeunes hommes, à l’orée de leur carrière, se tiennent sur la plage, visiblement en désaccord et en grand débat politique. L’un d’eux met la main sur un trésor : un morceau de verre poli, dense, lisse, doux, qui l’intrigue. Cet objet sera le point de départ de sa nouvelle quête.
La matière devient sujet, objet de convoitise, elle se fait verbe et cristallise une rêverie, un poème du quotidien. Cette rêverie autour d’objets perçus comme des masses et des matières plutôt que des rebus sert d’axe autour duquel gravite le monde.
Une collection qui semble perdre John dans son obsession, mais qui, finalement, au lieu du l’exclure du monde, lui donne une autre place que celle convenue par la société.
Cette nouvelle écrite en 1920 par Virginia Woolf trouve un nouveau souffle grâce aux deux artistes plasticiennes qui par leurs photographies, collages et montages offrent une nouvelle lecture de ce texte d’une étonnnante actualité.