Arrêtée en 1942 avec sa mère sur la ligne de démarcation, Francine Christophe est encore une enfant. Elle a presque neuf ans, l’âge des jours heureux, quand elle est rattrapée par la folie nazie. Interrogée par la Gestapo, ballottée de camp en camp à travers la France, elle est déportée en mai 1944 à Bergen-Belsen. À son retour, quand elle essaye d’expliquer à ses camarades de classe ce que la guerre lui a fait, celles-ci la regardent, gentiment, mais l’air de penser : elle est folle. Alors la jeune Francine ne parle plus du cauchemar.
Aujourd’hui, les mots refont surface. Francine Christophe raconte ce qu’elle a vu et connu. Les coups, le froid, la faim. Les enfants qu’on entasse dans des wagons à bestiaux. La maladie et la mort. Les travées boueuses où les cadavres pourrissent. La cruauté. Mais aussi l’amour, celui d’une mère et de sa fille, indéfectible, qui résiste à la guerre. Et des miracles, comme ce bébé qui voit le jour dans l’enfer et survit grâce à l’entraide des femmes.
Pour que tous nous sachions et n’oublions pas ce que fut la Shoah.
Francine Christophe témoigne avec précision, inlassablement. La Croix.