Corto Maltese, personnage mythique d'Hugo Pratt, est, certes, un " gentil-homme de fortune ", mélange d'aventurier et de dandy romantique dont les pérégrinations nous entraînent sur les traces de Stevenson, Conrad et Melville, mais il est aussi un initié. De La Ballade de la mer salée à mû, la citée perdue en passant par Fable de Venise, l'itinérance maritime et terrestre de Corto est d'abord la métaphore du voyage intérieur. Cette saga constitue un espace de références multiples et complexes aux mythologies et aux ésotérismes tant occidentaux qu'orientaux. En explicitant à chaque fois le symbole ou le mythe auquel il fait référence (tel que la " fontaine de la rose " ou les " clavicules de Salomon "), Joël Gregogna guide le lecteur dans le labyrinthe de l'imaginaire d'Hugo Pratt, immense connaisseur en matière d'ésotérisme, et permet ainsi de mieux comprendre pourquoi Corto Maltese est lui-même devenu un mythe quasi universel.