Un document exceptionnel et original sur le désarroi d'un jeune issu des cités.
" Cher monsieur, je me permets de vous écrire pour vous remercier. J'ai terminé votre enquête 80 % au bac. C'est un livre qui m'a à la fois ému (j'ai souvent eu les larmes aux yeux) et mis en colère (contre moi-même). C'est incroyable à quel point les vies que vous avez décrites ressemblent à la mienne... " C'est ainsi que débute la correspondance électronique entre le sociologue Stéphane Beaud, auteur de 80 % au bac et après ?, et Younes Amrani, l'un des lecteurs de son livre, un jeune homme de 28 ans, qui travaille comme emploi-jeune à la bibliothèque municipale d'une ville de la banlieue lyonnaise. Cette correspondance, qui va durer plus d'une année, constitue un document exceptionnel sur les espoirs et les souffrances intimes des jeunes d'origine maghrébine. Les confidences de Younes en disent long sur le sentiment de non-reconnaissance et parfois d'abandon moral dont il souffre au quotidien. À travers ce dialogue amical surgissent peu à peu les différents aspects de l'histoire personnelle et familiale de Younes et les contradictions sociales qui le traversent. Ce témoignage peut ainsi aider à combattre la vision stéréotypée et réductrice du " jeune de banlieue ". Il fait émerger, à travers la figure de son principal protagoniste, des traits essentiels de la personnalité sociale de nombreux jeunes de cité : un esprit de révolte, l'envie de comprendre le monde social, le goût pour la politique, le sens de l'analyse. Bref, tout un " potentiel " pour réinstaller la gauche dans les cités.