Rien ne prédestinait le jeune Louis de Gouyon Matignon, portant le nom de l'une des plus vieilles familles françaises, à rencontrer les gens du voyage. À seize ans, passionné de guitare et de jazz ma- nouche, il se rend au festival Django Reinhardt. La soirée passe en un éclair. À la nuit tombée, il ne sait pas où dormir. Frédo et Mario lui proposent spontanément de venir chez eux, dans la caravane familiale. Il s'éprend alors de ce peuple, qu'il ne quittera jamais plus. Passant tous ses week-ends et vacances en leur compagnie, il sillonne la France, fait " la ferraille " dans les Landes, les ven- danges en Champagne, l'élagage en Alsace, tient la caisse sur les fêtes foraines parisiennes... Il apprend leur langue, leur mode de vie, leur culture... et décide de s'engager, de se battre pour ceux qu'il considère comme sa seconde famille.
Dans ce manifeste, le " Gadjo aristo " nous fait part de son expé- rience, tout en retraçant l'histoire du peuple tsigane. Il revient sur les amalgames (Gitans, Manouches, Roms, gens du voyage), regrette qu'ils soient peu politisés et dénonce les différentes mesures administratives discriminatoires, comme le livret de circulation, dont ils sont victimes.
" Je ne suis ni historien ni ethnologue. Pourtant je suis là, je dis des choses, les écris, et quand il faut, je les crie, peu importe que ça dérange ou qu'on essaie de m'en décourager, j'existe pour être le témoin d'un peuple, je me sens leur gardien. "