" Le plus dur des combats est celui que l'on doit mener contre soi-même. "Née en pleine brousse au Sénégal, Saly arrive en France avec sa famille à l'âge de quatre ans, dans la cité Beauval, à Meaux, réputée comme l'une des plus difficiles du pays. Elle y vit une enfance heureuse, insouciante, entre les copines, le quartier et les autres familles de la cité qui forment une communauté d'entraide et de solidarité.
Au son des grands frères, la jeune fille se rêve chanteuse de rap. Nous sommes alors dans les années 90. Avec le film de Jean-François Richer, Ma 6-T va crack-er, tourné à Beauval, le pays découvre la banlieue et sa jeunesse, coincée entre une France qui ne s'est pas encore découverte black-blanc-beur et, pour certains venus de l'immigration, le poids de traditions parfois barbares. C'est le cas de Saly, qui grandit au sein d'un foyer polygame et découvre qu'elle a été excisée alors qu'elle n'était qu'un bébé. Le choc de cette découverte et le traumatisme lié à la mutilation auront de lourdes conséquences.
Contrainte à un mariage forcé – qu'elle réussira à déjouer – à 15 ans, c'est également à elle, aînée de la fratrie, qu'incombe le devoir de veiller sur ses frères lorsque sa mère se trouvera en difficulté. Face à la pression familiale, seules les études pourront lui assurer la liberté.
Comment fait-on pour ne pas renoncer à ses rêves ?
Lorsque l'avenir semble tracé d'avance, où trouver le courage de lutter ?
Symbole de ces nouvelles générations riches du meilleur de chaque culture, Saly Diop signe un récit exceptionnel, à la fois témoignage exemplaire, réflexion sur la république française et chronique d'une époque. Diamant livré brut, porté par une langue audacieuse et généreuse, Imani est un document rare, à la croisée des mondes – une plongée au cœur des traditions ancestrales, des violences infligées aux femmes et des blessures identitaires d'une jeunesse issue de la diversité.