Depuis plus de trente ans, Alain Corneau nous offre de très belles heures de cinéma : qui pourrait oublier Patrick Dewaere dans la peau de Frank Poupart, l'antihéros de Série noire ? La fresque épique de Fort Saganne ? La balade métaphysique de Nocturne indien ? Ou Jean-Pierre Marielle devenu le janséniste Sainte-Colombe de Tous les matins du monde ?
Loin de se laisser enfermer dans un genre – celui du film noir qu'il a exploré avec le triptyque Police Python 357 (1975), La Menace (1977), Le Choix des armes (1981) –, Alain Corneau puise aussi le sujet de ses explorations cinématographiques dans la littérature contemporaine. Avec Nocturne indien d'Antonio Tabucchi (1989), Tous les matins
du monde de Pascal Quignard (le grand succès de 1991) ou Stupeur et tremblements d'Amélie Nothomb (2002), il prouve qu'il peut faire sien l'univers d'un autre et prendre plaisir à mettre en scène le style d'un écrivain qu'il admire.
Dans ses souvenirs, Alain Corneau ne se met pas en scène. Il se raconte, avec passion et sincérité : son amour des livres et de la musique (il a même caressé un temps l'idée de faire carrière dans le jazz) ; ses études de cinéma à l'IDHEC ; ses débuts d'assistant aux côtés de Costa-Gavras, Roger Corman ou Michel Drach ; ses réussites et ce qu'il considère comme ses échecs ; son ancien engagement trotskiste ; son goût des voyages ; ses rencontres avec quelques " grands " – Coltrane, Thompson, Scorsese... – ; son amour pour les comédiens... Avec beaucoup de pudeur, il évoque aussi ses proches et la femme qu'il aime : Nadine Trintignant.
Enfin, dans le dernier chapitre, le réalisateur dévoile tous les secrets de son nouveau filmLe Deuxième Souffle (qu'il considère davantage comme une adaptation du livre de José Giovanni que comme un remake du chef-d'œuvre de Melville), qui sortira en salles le 24 octobre 2007.