Cet essai illustré, au croisement de l'histoire de l'art, de celle de la littérature et de l'histoire du corps et de la sexualité, met en lumière la fluidité des définitions de la masculinité et de la féminité caractérisant la période de transition qui va de la Révolution à la Restauration.
À l'époque de la Révolution française, l'image de l'androgyne fleurit dans l'art néoclassique français. À travers ces figures d'adolescents aux lignes féminines, la référence à l'idéal antique – cher à l'historien de l'art Winckelmann –, centré sur le corps et l'érotisme masculin, est reprise et largement sollicitée, non sans mélancolie. Les représentations des hermaphrodites côtoient ainsi de nouvelles entreprises scientifiques et culturelles visant à établir une nette différenciation des sexes.
Interrogeant les mises en scène artistiques des masculinités ambiguës, des Lumières à la Restauration, Mechthild Fend rapproche les changements dans la société française liés à l'identité sexuelle des bouleversements politiques et sociaux de l'époque révolutionnaire. Dans le sillage de Michel Foucault, Judith Butler et Thomas Laqueur, cet essai illustré, au croisement de l'histoire de l'art, de la littérature et de l'histoire du corps et de la sexualité, met en lumière la fluidité des définitions du masculin et du féminin caractérisant cette période de transition.
Dans cette perspective, l'androgyne apparaît, notamment à travers les œuvres de David et de Girodet, comme une figure privilégiée, qui reflète et anime ce mouvement, avant qu'un régime plus normatif ne s'établisse dans les premières décennies du XIXe siècle.