A la fois manuel de peinture et ouvrage philosophique, ce traité représente une des expressions les plus hautes et les plus complètes de la pensée esthétique chinoise.
En Chine, les peintres se sont principalement recrutés parmi l'élite lettrée ; tout naturellement donc ils ont eux-même beaucoup écrit sur leur art. Le traité sur la peinture dû à Shitao (début du XVIIIe siècle) est apparu presque au terme de cette millénaire tradition de théorie picturale, dont il constitue tout à la fois une sorte de synthèse et un prodigieux sommet. Ce texte est dense et riche, car il tire sa substance des sources les plus diverses -d'une part, la vaste littérature des peintres, et de l'autre, les classiques de la pensée taoïste, confucéenne et bouddhique- mais il use d'un langage extrêmement précis et rigoureux, comme Pierre Ryckmans le montre dans les commentaires dont il accompagne chacun des dix-huit chapitres de sa traduction. Le traité de Shitao n'offre pas seulement la meilleure des introductions à l'esthétique picturale chinoise ; il présente aussi la méditation originale d'un peintre de génie qui, appuyé sur l'expérience d'une vie, se pose les questions fondamentales : pourquoi peindre ? comment peindre ? Sa réponse éclaire les liens qui unissent la création picturale à la création cosmique, et après avoir inspiré artistes et esthètes chinois, la pensée de Shitao est venue maintenant stimuler la réflexion d'un nombre croissant de lecteurs occidentaux – comme en témoigne l'accueil fait aux premières éditions (maintenant épuisées ) du présent ouvrage.