Entre 1750 et 1850, une " révolution silencieuse " redéfinit en profondeur l'univers des beaux-arts : progressivement, la pratique de la peinture est rendue plus accessible aux femmes. Les barrières s'abaissent, les contraintes se desserrent et une image positive de la dame artiste se banalise. Une période de créativité foisonnante associée aux noms d'Elisabeth Vigée-Lebrun, Constance Mayer, Rosa Bonheur, Marguerite Gérard.
C'est à l'explication de ce phénomène que ce livre est consacré. Pourquoi les artistes femmes, à ce moment précis de l'histoire, ont-elles bénéficié à la fois de l'intérêt de leurs contemporains et de conditions de travail relativement égalitaires par rapport à celles de leur confrères ? Pour saisir ce phénomène, Séverine Sofio réintègre les artistes des deux sexes dans la réalité quotidienne de leur travail de création.
Ni recueil d'analyses d'ouvres, ni histoire des femmes dans l'art, cet ouvrage traite de la pratique des beaux-arts, de son organisation et de ses réalités professionnelles, institutionnelles et commerciales, à un moment où cette pratique se féminise. Cette suspension relative de l'infériorisation des femmes dans les beaux-arts n'en demeure pas moins provisoire : si la parenthèse s'ouvre timidement dans les dernières décennies de l'Ancien Régime, elle se referme toutefois progressivement avant le milieu du siècle suivant.