Si Paul Gauguin tient toujours le haut de l'affiche, Charles Filiger, son compagnon pendant son séjour en Bretagne, reste dans l'ombre. Peintre de la couleur, il choisit l'obscurité ; artiste mystique, il eut une existence plombée par la solitude, la maladie, la pauvreté et l'alcool. Pourtant, loin de refléter ses tourments, sa peinture est un combat emporté sur les démons qui l'assaillent. Alfred Jarry comme André Breton ont été fascinés par la pureté de ses toiles. Paysages de la lande bretonne, Christs aux bras grands ouverts, enfants du pays qui servent de modèles à ses anges constellent une oeuvre pleine de mystère et de grâce. Claire Daudin ressuscite la figure de ce " peintre aux outrages ", dans un roman où le mot prend le relais de l'image pour exprimer la misère d'un homme sauvé parson art. Ancienne élève de l'École normale supérieure, Claire Daudin poursuit une oeuvre littéraire poétique et inspirée, en marge de ses travaux sur Péguy et Bernanos.