Composé à la manière d’un sermon en trois points, cette réflexion de Richard Millet sur la mort ne s’intéresse pas à ses conséquences métaphysiques comme on pourrait s’y attendre. Il est ici question de la mort du monde vivant : de la mort de la foi chrétienne, la mort de la culture occidentale, la mort de la langue. Monde où chacun, vidé de toute substance, se retrouve seul. Et le prédicateur de ce sermon n’échappe pas à cette règle, soumis à l’opprobre général que lui a valu le scandale lié à son essai littéraire sur Anders Behring Breivik. Mais c’est avec un plaisir malsain, comme empli d’une lucidité morbide, que l’on se délecte de cette fin de monde annoncée et de ce désespoir hargneux que l’on trouve chez les grands penseurs tels Emil Cioran ou Léon Bloy.