Le récit s’ouvre sur les faits, bruts et violents, la grande cousine est retrouvée morte, lapidée dans un petit bois. Jamais on ne retrouvera les coupables. Il s’agira alors pour la jeune cousine de grandir et de se construire.
C’est le regard d’une femme mûre, accomplie mais bancale, qui s’égrène dans le récit à la forme syncopée. «Femme Morte» est son nom, le nom qu’elle se donne pour interroger l’événement premier et ceux du quotidien. Comment peut-on vivre quand on se sent Femme Morte? Comment peut-on s’autoriser un envol quand la vie aimée s’est arrêtée? Comment fait-on pour jongler avec les mille et une sollicitations du monde extérieur portant cette part morte en soi?
En faisant un pas de côté, en pariant sur le retrait et la nature, Carol Vanni donne à son récit non pas un «sens» mais une dimension.
Ces questions, que le texte aborde en creux, laissent le lecteur progresser dans une histoire qui se construit lentement à la manière d’un lieu à soi. Se dessine alors une nature morte où chaque moment répond à un autre dans une forme de tissage. L’auteur tricote au-dessus du vide, les liens s’approfondissent.
Soigné par une écriture en fragments proche de l’incantation, le récit chemine vers une forme d’apaisement et un fil conducteur précis et minutieux apparaît. Séparer le vivant du mort en chacun de nous.
En insérant à la place des fleurons typographiques des petits bouts de nature : feuilles, brindilles, cailloux, Anne Leloup ponctue le récit d’autant de respirations.