L'œuvre de Jean Meckert (1910-1995) demeure peu connue, sinon qu'elle commence à bénéficier d'un programme de réédition. Cette œuvre est pourtant une pièce essentielle de l'histoire littéraire de la seconde moitié du XXe siècle: elle trace, du roman prolétarien au roman policier contemporain, une voie d’importance qui éclaire le devenir discret de l’un et quelques aspects majeurs de l’autre.
Nous avons donc affaire à un auteur qui a mené une double carrière littéraire ou, plus exactement, deux carrières successives, l’une de 1941 à 1954 à la NRF et l’autre, de 1950 à 1985, à la Série noire.
Parmi les derniers signes de l’importance de Jean Meckert, signalons la création, en 2005, d’un prix littéraire portant son nom, lui qui n’en n’aura reçu qu’un seul durant ses quarante-cinq ans de carrière, remis chaque année le 1er mai, à Arras, dans le Pas-de-Calais, au cours du Salon du livre d’expression populaire et de critique sociale, dont le jury est composé d’écrivains comme Didier Daeninckx, Michel Ragon ou Dominique Manotti. La présence d’auteurs de romans policiers aux côtés de Michel Ragon, écrivain et critique littéraire qui a toujours défendu et illustré la littérature ouvrière confirme le lien déterminant que l’œuvre de Jean Meckert constitue entre les deux univers.
« Les conditions de l’époque n’ont accordé à l’auteur remarqué de Les Coups qu’un aller simple vers la Série Noire. On l’a mis là, et il n’a cessé, alors qu’on ne voulait donner la parole qu’à Jean Amila, de revendiquer la même liberté pour Jean Meckert.
Aujourd’hui, l’ouvrage que lui consacre Pierre Gauyat, loin d’une revanche, constitue un volumineux billet de retour vers la pleine littérature. » (Didier Daeninckx, préface)