Bien qu'elles couvrent un arc de treize siècles, depuis les invasions barbares jusqu’à l’Europe des monarchies, et conduisent le lecteur du pur cristal de Claudien au baroquisme étincelant de l’anglais Richard Crashaw, contemporain de John Donne et au moins son égal, en passant par les délicieuses inventions médiévales, bientôt suivies de la reconquête, par les générations héritières de Pétrarque, d’un grand classicisme, tenté lui-même à son tour par l’Ange du maniérisme et le culte de la merveille conceptiste, ces douze études ne proposent pas une histoire, qui reste encore à écrire : simples coups de sonde et plutôt essai de poétique dans l’histoire, elles dessinent seulement un itinéraire, avec l’espoir de démontrer la prodigieuse force de renouvellement de la Muse latine, sa capacité à produire, bien longtemps après la chute de l’Urbs, parallèlement aux grandes créations de la prose scholastique ou humaniste et prévenant plus d’une fois les avant-gardes des poètes en langue vernaculaire, de beaux objets consacrés au luxe et au plaisir. Études, ou plutôt « lectures », car ici le plaisir du texte est servi par l’amoureuse traduction, et l’exégèse savante n’a pas d’autre but que d’inviter au partage de l’enchantement poétique.