Dans cette enquête au travers de la poésie grecque archaïque et classique, d’Homère à Platon, nous partons à la recherche des traces de ces moments originels de la création occidentale où la poésie, s’énonçant, se met en scène. On y découvre des figures de poètes dès les origines, une incarnation des plus profonds questionnements créateurs par les figures des muses et une parole poétique qui est en permanence à l’interface entre divinités et humanité, où les discours sont placés les uns contre les autres, dans leurs raisonnements et leurs contradictions. La poésie s’affirme comme l’espace commun du sacré et du profane, l’emplacement d’une parole autre, toujours mise en scène.
L’ensemble du corpus canonique grec – celui-là même auquel est attribué le fondement de notre civilisation – est l’objet de cet examen : l’Iliade et l’Odyssée, la Théogonie, les Hymnes homériques, la poésie lyrique, les trois grands tragiques, Eschyle, Sophocle, Euripide, après eux le comique Aristophane, donnent à voir
les oscillations d’une parole qui intègre les conditions de son énonciation et les joue dans la dramatisation de son ambition. Platon assume son rôle de sceau des poètes. La référence à des auteurs antérieurs, déjà explicite dans la poésie lyrique, est omniprésente. L’intertextualité est antique.
En prenant au sérieux les textes et leurs variations, c’est à la substance même de cette parole poétique qu’il nous est donné accès.