Quels sont les conditions, les moments et les lieux qui favorisent l’innovation intellectuelle?
Pour répondre à ces questions essentielles, Geoffroy de Lagasnerie retraverse l’histoire des idées et des institutions au cours des années 1950-1980. Il réinterprète les œuvres et les trajectoires de Foucault, Bourdieu, Deleuze, Derrida, mais aussi Sartre et Lévi-Strauss, et discute les grandes théories qui ont cherché à comprendre les mécanismes de la création artistique, littéraire ou scientifique. Il montre ainsi comment l’invention surgit presque toujours en dehors de l’Université ou dans ses marges, au terme de démarches qui s’attachent à brouiller les frontières disciplinaires, à déjouer les normes et les pratiques académiques. Penser, c’est nécessairement s’affranchir de l’image de la recherche que l’Université tend à imposer.
À l’heure où un consensus s’installe pour défendre le champ académique contre tout ce qui menacerait son autonomie, Geoffroy de Lagasnerie s’inquiète de l’uniformisation de la vie intellectuelle qu’entraîne ce repli sur soi. À rebours d’une telle tendance, il appelle à élaborer une nouvelle politique des savoirs ouverte à la pluralité, aux hérésies, et donc à l’arrivée de l’inédit.
Geoffroy de Lagasnerie est sociologue. Il est chargé de cours à l’université Paris I – Panthéon Sorbonne. Il est l’auteur de L’Empire de l’Université. Sur Bourdieu, les intellectuels et le journalisme (Amsterdam, 2007).