Un nouveau mode de gouvernement des hommes se répand dans toute la société, et d’abord dans la sphère professionnelle : un management par la rivalité et la peur qui, au nom de la dictature de la performance et de la concurrence, impose partout les mêmes normes et le même mode d’assujettissement. Qu’importent la qualité réelle et le sens des activités, toutes doivent être réductibles à un chiffre parmi d’autres chiffres. L’évaluation est l’instrument de la mise au pas des individus. En faisant la loi, l’actionnaire transforme sans cesse le travail ; quand l’État singe cette gestion, c’est pire encore, car totalement ubuesque et contre-productif.
Les professionnels vivent péniblement l’altération profonde de leur métier, dans un sentiment où se mêlent injustice, démoralisation et révolte. Les champs professionnels ont perdu leur autonomie spécifique (Pierre Bourdieu).
En dénonçant cette logique, l’Appel des appels ne défend pas seulement la spécificité des missions de services publics, il révèle surtout l’aliénation croissante dont sont victimes tous les travailleurs. Contre la destruction, il faut instaurer une politique des métiers.
L’Appel des appels est un collectif de professionnels du soin, du travail social, de la justice, de l’éducation, de la recherche, de l’information, de la culture qui s’est fait connaître en 2008.