Étudier in vivo notre habitat traditionnel impose d’interroger le silence des mots qui véhiculent l’essence de notre structure : la religion, la politique, le droit. Ces mots abritent des concepts-clés. Ils sont les témoins du vécu normatif de nos sociétés arrimées au déploiement du christianisme associé à l’imperium romain, mais aussi l’arme efficace d’une expansion industrielle planétaire parvenue sous nos yeux à ses fins, du moins en apparence. Le phénomène de la parole est le fonds commun de l’humanité, l’universel des civilisations. Sous cet éclairage, nos constructions prennent statut de Texte singulier dans un espace mondial différencié. Cet écrit fait revenir vers l’Occident le regard ethnographique, ce savoir-questionner qui a rendu possible la vivisection des sociétés sauvages. Juste retournement, la logique dogmati-que nous oriente dans l’exploration des montages langagiers forgés par la tradition ouest-européenne. Une nécessité attend le lecteur : affronter l’autre côté de la Raison, la passion que nous appelons religion. Il s’agit ici de s’éloigner de ce concept usé, de mettre sur la table la question du noyau langagier des sociétés humaines : la foi dans les mots. D’où l’esquisse d’une théorie du Fiduciaire, notion non hypothéquée. Faire valoir cette réalité, qui porte la condition théâtrale de notre espèce, m’a conduit à une suggestion finale : méditer sur la puissance de l’enjeu esthétique – la mode, la danse…
P. L.