Je n’ai foi que dans l’art et, sans lui, je suis perdu.
Souvent, j’enferme des tableaux dans l’obscurité d’un container, durant de longues années. Que font les tableaux ainsi enfermés pendant tout ce temps, jusqu’au moment où ils se rappellent à mon souvenir en me faisant signe ? Rien ? Certainement pas, puisqu’ils ont su rassembler des forces pour attirer l’attention sur eux. Après avoir libéré la toile de l’obscurité, je la repeins et une transition s’opère vers un autre état.
L’autodestruction a toujours été le but le plus intime, le plus sublime de l’art, dont la vanité devient alors perceptible. Quelle que soit la force de l’attaque, et quand bien même il sera parvenu à ses limites, l’art survivra à ses ruines.
Né en 1944, le peintre et sculpteur allemand Anselm Kiefer est une figure majeure de l’art contemporain et une de ses personnalités les plus fortes. Ses œuvres, saturées de matière (sable, terre, strates de plomb, suie, salive, craie, cheveux, cendre, matériaux de ruine et de rebut) sont nourries de littérature et de philosophie. Il est professeur invité au Collège de France pour l’année 2010-2011, dans la chaire de Création artistique.