En route pour la ville des dieux !
Les hommes ont régressé à un stade primitif après une catastrophe nucléaire qui a bouleversé la planète. La survie s'est organisée au coeur de tribus. Dans l'une d'elle vit un enfant noir, rejeté par les siens à cause de sa différence. Lorsque l'enfant est condamné à mort par leur chef, il se met alors en route vers Niourk, la ville des dieux, en quête de nourriture. Mais dans cette métropole abandonnée ne subsistent que ruine, radiations et machines étranges...
« Par la musicalité de son style, la force d'évocation des univers imaginés, son écriture pleine de résonances poétiques, ses emprunts au conte, Stefan Wul est le seul écrivain français de science-fiction de cette période qui puisse être comparé aux grands maîtres américains, tel Jack Vance. Son oeuvre mérite d'être constamment revisitée et relue. » Salon Littéraire
« Un météore de la science-fiction française. »Le Figaro
« Un classique incontournable de la littérature d'anticipation. » Les Mondes Imaginaires
Court extrait :
Ce soir-là, le Vieux sortit de sa tente et resta immobile sur le seuil, visage buriné par les flammes dansantes, attendant que les rires s'éteignissent les uns après les autres. Un à un, les hommes tournèrent les yeux vers lui. Les mangeurs d'herbes s'écartèrent du grand feu.
Le Vieux s'avança lentement au centre du village et parla :
- Demain, j'irai chez les dieux, dit-il.
Un murmure courut dans la tribu. Puis Thôz approcha du Vieux un siège, simple bille de bois qu'il posa d'une main sur son épaule avant de la laisser tomber derrière Celui-qui-sait-tout. Le Vieux s'assit.
- Demain, dit-il, je monterai dans les montagnes de Cuba jusqu'à Santiag, la ville des dieux.
- Rah ! firent les voix profondes des chasseurs.
Les hommes firent tourner leurs frondes à toute vitesse et la clairière s'emplit d'un bruissement sauvage. Les femmes dansèrent autour du feu en glapissant :
- Il ira voir les dieux.
- Rah ! firent les chasseurs.
- Il leur demandera ce qu'il faut faire.
- Rah!
- Lui seul peut faire cela.
- Rah!
- Lui seul peut monter dans les neiges.
- Rah!
Les frondes tournaient toujours ; la sueur coulait sur les torses, mais les bras musclés tressautaient infatigablement au rythme rapide des poignets. Au bout d'un long temps, les litanies prirent fin. Alors les chasseurs virèrent sur eux-mêmes et le dernier tour des frondes vides fut stoppé par un choc puissant sur les tentes sonores, formées de peaux sur les carcasses de baleines.
(Des baleines échouées depuis cinq cents ans entre le îles Cuba, Haïti et Jamaïque, quand la Terre s'était brusquement asséchée, quand les continents, transformés en montagnes, dominèrent l'immense dépression atlantique réduite à quelques lacs saumâtres peuplés de monstres ; quand de vastes prairies d'herbes malsaines, coupées tantôt de déserts, tantôt de marécages, unirent les hauteurs neigeuses d'Amérique au bloc eurafricain.)
© Bragelonne 2013