« Regarde ce tableau ».
Ainsi s'adresse à un jeune garçon le grand orateur grec Philostrate (IIIe siècle de notre ère), en lui désignant une peinture dont il va prononcer l'éloge. S'agit-il d'un tableau qui aurait « réellement » existé et qui aurait disparu, au grand désespoir des archéologues ? Ou bien plutôt d’une fiction de réalité, d’une image faite de mots, d’un tableau peint avec la technique d’un rhéteur poète ? La question devient vite vertigineuse.
Dans son essai, qui prend la forme d’un dialogue très enlevé, Jackie Pigeaud conduit le lecteur aux lisières de la poésie et de la peinture : dans un espace où règne en maîtresse absolue la phantasia. C’est-à-dire la force des apparitions, l’énergie des images, l’ambiguë faculté d’imaginer qui engendre l’artiste aussi bien que le fou.