La réforme grégorienne, sous l'impulsion du pape Grégoire VII (1037-1085) et de ses successeurs des XIe et XIIe siècles, représente un vaste " aggiornamento " des structures de l'Église. Imitation des Apôtres, retour aux normes de la primitive Église en furent les mots d'ordre. La peinture murale, dont un autre Grégoire, le pape Grégoire le Grand (590-604) avait dit qu'elle est la bible des illétrés, fut alors utilisée comme un moyen d'enseignement des fidèles et un instrument de la propagande pontificale. Dans certains hauts lieux de la chrétienté – à Rome, au Mont-Cassin, centre majeur du monachisme occidental –, mais aussi dans des foyers satellites comme l'abbaye de la Trinité de Vendôme, des programmes de peintures furent ainsi chargés d'exprimer l'idéal réformateur, la défense de l'autorité du pape et celle du dogme eucharistique, contesté ici et là, mais fondamental dans la vie de l'Église. L'ouvrage présente ces programmes, leurs auteurs et les réalisations artistiques qu'ils ont suscitées. Il exploite conjointement les documents figurés et les textes d'époque. Chemin faisant, il fait la preuve de la valeur spécifique des images comme source historique dès lors que l'on se livre à une analyse rigoureuse des schémas iconographiques, de leur généalogie et de leur diffusion. L'étude archéologique des sujets et des schémas qui les traduisent en images permet en particulier de déchiffrer l'intervention directe des commanditaires, la volonté de propagande des papes, cardinaux et abbés. Ainsi se révèlent les conditions de production et les valeurs de signification d'un art dirigé par – et au service de – l'Église romaine.