Toute l'histoire du pèlerinage repose sur une ambiguïté. Car si la théologie repousse ces déplacements, superflus et vains, pour promouvoir une approche intériorisée de la foi, elle accepte pourtant la mise en place d'un espace sacré structuré autour de lieux privilégiés. Depuis l'édit de Milan (313), ces pieux déplacements sont même une des marques du christianisme. Le fait pèlerin, bien qu'universel, serait-il une trahison de la foi?
Caractérisés par une présence de reliques, l'existence de miracles et l'afflux de dévots, les lieux de pèlerinage, de Jérusalem à Saint-Jacques de Compostelle, sont nombreux. Mais qui sont les pèlerins ? Le pèlerin est d'abord l'homme qui se déplace. Mais c'est aussi celui qui rompt avec le quotidien pour entrer dans la sphère de l'altérité. C'est enfin celui qui veut concevoir une relation exceptionnelle avec le Ciel. En devenant pèlerin, il cherche un de " ces lieux où souffle l'Esprit ", selon le mot de Maurice Barrès.
Initiation plutôt que trahison, le fait pèlerin est ici décrit à hauteur d'homme, pour comprendre quelles sont les destinations, les motivations et les attentes de ceux qui décident de prendre le chemin.