Jean-Yves Delitte donne à ce point vie au prestigieux trois-mâts français qu’on ne peut s’empêcher de lui dire au revoir comme on le dirait à un être cher !
Fort-de-France, Martinique, novembre 1913. Le soleil est déjà haut sur l’horizon quand les ancres du Belem s'arrachent du fond de la rade et que ses chaînes sont lentement avalées par le guindeau au rythme des hommes qui tournent autour du petit cabestan. Notre fier trois-mâts vient de fêter ses dix-sept années d’existence. Il appareille pour Aruba au Venezuela où une cargaison de phosphate l’attend. C’est la 32e et dernière campagne marchande du fleuron français. À la veille de la Der des ders, les grandes sociétés maritimes, à défaut de se convertir à la vapeur, doivent mettre la clé sous le paillasson. Le Belem se voit contraint de mettre un terme à ses activités commerciales dans la fleur de l’âge, au seuil de sa majorité…