Il est d’usage assez courant de prétendre «vivre avec ses morts», ne sachant pas trop s’il faut souligner l’adjectif possessif ou considérer avec le même égard ceux qui, croisés un jour, ne sont désormais plus que des ombres : proches, parents, amis, vagues connaissances… Prenant l’expression à la lettre, Lionel Bourg n’a guère désiré dans ces pages qu’accueillir la présence, diffuse ou insistante, légère ou pesante, incongrue voire facétieuse, de défunts devenus étrangement familiers. Bal des fantômes en somme, plus que danse macabre, des anges y apparaissent, venus sans autre explication d’un film de Wim Wenders, un tableau de Hopper ou, surprenante, une apparition féminine dans une grotte du Périgord. Rêverie, méditation teintée d’humour, jeu du mort et du vif, l’essentiel fut peut-être pour l’auteur que, fût-elle pantelante, la littérature ait ici le dernier mot…