Quand il débarque à Paris en 1941 pour rejoindre les surréalistes, Christian Dotremont n’a que dix-neuf ans. Il n’est pas encore le peintre célèbre pour ses logogrammes, créateur de la revue Strates et fondateur du mouvement Cobra dont l’influence ira au-delà de toutes les frontières, mais il porte en lui la création.
Il y rencontre la poétesse Régine Raufast : de cette liaison de près de deux ans germe une correspondance rare et sulfureuse. Les lettres à sa première muse sont ici réunies : sous le vernis de l’adolescent amoureux gronde l’orage poétique et théorique du jeune artiste. Ce “grand feu noir” illumine son âme et, dans l’éloge romantique, brûle en poèmes, réflexions et traits d’esprit. C’est dans cette mystérieuse effervescence que se trace les prémices de l’œuvre que l’on sait désormais fondamentale.
La correspondance est suivie de La reine des murs écrit en 1942 dont les lithographies de Pierre Alechinsky (que nous reproduisons) accompagneront la publication vingt ans plus tard.