" Masques tragiques sculptés par la fureur des canons "
La Grande Guerre de 1914-1918 a vu plus de 70 millions d'hommes de 19 nations s'entretuer sur plusieurs fronts pendant plus de quatre ans. Un conflit qui s'est soldé par près de 10 millions de morts, 20 millions de blessés. Parmi ces derniers, des dizaines de milliers, administrativement qualifiés de " faciaux ", et trivialement dénommés " baveux " et " gueules cassées ".
Leurs blessures de la face sont les plus dévastatrices, cruelles et hideuses qui soient. Ces hommes s'inscrivent aujourd'hui dans l'inconscient collectif comme un symbole des désastres humains nés d'une guerre tragique.
Les " gueules cassées " restent souvent méconnaissables à leur sortie de l'hôpital. Leurs blessures ont aussi un effet psychique ravageur. Le visage est lié à la personnalité, l'identité intime, qui les confrontent à leur propre dévastation psychique.
" J'appartiens pour toujours à un groupe d'hommes stigmatisés, à la face ravagée et qui n'a plus rien d'humain. Nous sommes une chose sans nom. Un amas monstrueux de chairs déchiquetées, de pansements, de pus, de fièvres empaquetées, le tout teinté par l'ombre des canons ".
Cet ouvrage est également un hommage aux chirurgiens militaires de ce conflit, qui sont les fondateurs de la chirurgie maxillo-faciale, réparatrice et restauratrice moderne. Chirurgiens appelés par les blessés de la face " mécaniciens de génie ", " artistes de l'impossible ", ou encore " Notre Père à tous ", écrira l'un d'eux.
L'élaboration de cet ouvrage n'a été rendue possible que grâce à la collaboration du Musée du Val-de-Grâce, qui a exceptionnellement ouvert à l'auteur ses collections uniques, parmi les plus riches du monde et encore inaccessibles au grand public.