Longtemps considérée comme « infréquentable », l'œuvre de Pacifico Massimi (1406-1506) a été édulcorée, voire censurée dès le XVIe siècle. Il était temps de réparer cet oubli. En effet, la vie de Pacifico est déjà en elle-même propre à attiser la curiosité: à l'image du siècle, la vie de l'humaniste, fort longue ( il vécut cent ans) est riche de voyages, de conflits et de péripéties. Un jour enrôlé comme médecin dans les armées d’Alphonse d’Aragon, en d’autres temps étudiant contestataire à Pérouse, plus tard à Rome, en 1476, hôte au palais Farnèse du pape Sixte IV, et quelques années après, confortablement installé à Florence chez Iacopo Salviati, recruté entre temps comme professeur à Lucques et enfin hébergé à Rome par le jeune et brillant humaniste Angelo Colocci qui l’encourage à publier ses œuvres. Cette vie de roman, à laquelle il fait de nombreuses allusions dans ses élégies, s’achève à Fano, où Pacifico meurt sans avoir pu réaliser son projet.
Pacifico est l’auteur d’œuvres variées, toutes en latin. Son œuvre majeure est évidemment constituée par les deux Hecatelegia (deux fois cent élégies), le premier édité à Florence en 1489, le second édité pour la première fois ici-même. Ces élégies sont foisonnantes et variées. Dans le premier Hecatelegium, l’inspiration est provocante tant du point de vue philosophique que de la place faite au sexe et valut à l’auteur de n’éviter que de justesse le bûcher. Aussi dans ce second Hecatelegium s’est-il quelque peu assagi, mais sans rien perdre de sa verve, de son goût pour ce qui détonne. Il est toujours insolite et incongru et c’est ce qui fait l’intérêt de cette œuvre étrange, pleine de sagesse et de folie. Il revenait à la collection Classiques de l’Humanisme de rendre disponibles les œuvres de cet esprit libre et fascinant. L’ouvrage, amplement documenté, comporte le texte original établi à partir du manuscrit autographe, une traduction française, un appareil de notes et une introduction historique et critique.