Publié pour la première fois en 1516, le Traité de l'immortalité de l'âme de Pomponazzi est vite apparu comme un ouvrage emblématique d'une position mortaliste à la limite de l’hétérodoxie. Pomponazzi s’attache à prouver, à partir d’une lecture serrée des textes d’Aristote, qu’il est impossible d’apporter une démonstration rationnelle de l’immortalité de l’âme. Si la plus immatérielle des fonctions de l’âme, l’intelligence, ne peut s’exercer que sur la base des données sensibles fournies par l’imagination, alors l’âme dépend du corps dans toutes ses opérations et doit donc se corrompre avec lui. Pomponazzi réfute les solutions traditionnelles en faveur de l’immortalité, celles d’Averroès, des platoniciens et de Thomas d’Aquin. Il présente ensuite sa propre position, avant d’en développer les conséquences dans une série d’objections et de réponses, en revisitant la conception traditionnelle des fins de l’homme et des rapports entre vie spéculative et vie pratique, en proposant une interprétation naturaliste de certains phénomènes dits surnaturels et de miraculeux, ou encore en posant à nouveaux frais la question des rapports entre la raison et la foi.
Cette première édition critique et traduction en français du De immortalitate animæ permet de proposer une lecture plus fine du texte que celle léguée par la tradition des « libertins », reprise en partie dans les lectures rationalistes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Elle permet de faire la juste part des modes de pensée traditionnels auxquels Pomponazzi se réfère et de mesurer avec plus de précision l’importance de son apport à la constitution de la modernité philosophique.