La glossolalie est une élocution confuse, inspirée, improvisée, non articulée en mots. Ce n'est pas une langue et elle ne possède ni lexique ni syntaxe. S’il existe certes des glossolalies psychopathologiques, c’est le vaste champ inexploré des glossolalies religieuses, spirites et ludiques qui est étudié ici.
Ces glossolalies sont observées aussi bien dans une perspective historique, évoquant l’Antiquité, le Nouveau Testament, le premier christianisme, les développements mystiques et l’époque contemporaine, qu’analytique, afin d’isoler le phénomène en le distinguant des nombreuses formes de « glossomanie » enregistrées au cours de l’histoire dans différents contextes culturels. Il apparaît clairement que la production glossolalique est étroitement liée au statut historico-culturel de communautés attachées soit à la refondation de leur Église, soit à l’incarnation du spirituel dans une culture du corporel, ou encore à la réduction de l’insupportable écart de la pensée au langage.
Alessandra Pozzo est spécialiste des langages confus et des formes d’expressions qui sont à la frontière entre le signe et la langue. Elle a publié en Italie Grrr… grommelot. Parlare senza parole. Dai primi balbetii al grammelot di Dario Fo (1997). Après avoir soutenu une thèse en sémiotique sous la direction du professeur Umberto Eco à l’Université de Bologne, Alessandra Pozzo a écrit sa thèse de doctorat en Sciences du langage sous la direction de Jacques Roubaud, directeur d’études à l’ÉHESS.
Responsable des séminaires Les langages cryptiques et Cryptages, pseudo-cryptages, décryptages à l’ÉHESS de Paris, elle est chercheur associé au Laboratoire d’études sur les monothéismes au CNRS, UMR 8584, où elle mène un projet sur « Les rhétoriques du secret ».