« Voici tracé sur le papier, imprimé dans les livres, placé devant les yeux et entonné aux oreilles un bruit, un fracas, un vacarme d'allégories, d'emblèmes, de devises, d'épîtres, de sonnets, d'épigrammes, de volumes, de prolixes dossiers, de sueurs d'agonie, de vies consumées, le tout accompagné de cris à assourdir les astres ; de lamentations dont les échos retentissent jusqu'aux antres infernaux, de tortures qui frappent de stupeur les âmes vivantes, de soupirs qui font s'évanouir de compassion les dieux immortels, et tout cela pour ces yeux, pour ces joues, pour ce buste, pour ce blanc et pour ce vermeil, pour cette langue, ces dents, ces lèvres, ces cheveux, ce vêtement, ce manteau, ce gant, cette chaussure, cette pantoufle, cette réserve, cette risette, cette petite moue, cette fenêtre veuve, ce soleil éclipsé, ce remue-ménage, ce dégoût, cette puanteur, ce sépulcre, cette latrine, ces menstrues, cette charogne, cette fièvre quarte, ce déni de justice, ce tort extrême de la nature, laquelle par l'apparence d'une surface, par une ombre, un fantôme, un enchantement circéen mis au service de la génération, nous donne l'illusion trompeuse de la beauté. » On l'aura compris, les « fureurs » dont traitent ces dialogues de Bruno, ne sont charnelles qu'un moment : il y est question d'amour, mais aussi du monde et de son centre.
Cette nouvelle édition du texte, entièrement revue et corrigée par Zaira Sorrenti offre pour la première fois la correspondance entre les pages de l'édition Belles Lettres et l'édition princeps du dialogue. Elle est en outre enrichie d'une table métrique des poésies, d'une table des incipit et d'un nouvel index des noms cités par Bruno.