Trop longtemps, Restif de la Bretonne (1734-1806) est resté exclu de la grande littérature et a été considéré - ou déconsidéré - comme auteur libertin ou de second rayon. D'origine paysanne et provinciale, il n'a jamais fait partie des institutions officielles. Mais sa situation de marginal lui a permis d'être un observateur hors pair de la société de son temps et des différents milieux qu'il a traversé en véritable héros de roman picaresque.
Apprenti, puis compagnon imprimeur, c'est en effet par la littérature érotique (Le Pied de Fanchette) qu'il entre dans la carrière des lettres. Et il a exploité cette veine - avec une légère propension pour le fétichisme - pendant toute sa vie. Il connaît son premier vrai succès avec Le Paysan perverti, roman par lettres ambivalent à souhait, oscillant entre crime et vertu, entre roman autobiographique et roman noir, entre Rousseau et Sade. Réédité maintes fois du vivant de Restif et constamment enrichi et transformé, ce roman lui a permis de vivoter. Pour vivre de sa plume à une époque où les questions de droits d'auteur étaient loin d'être résolues, il fallait produire inlassablement.
Polygraphe impénitent, Restif a publié des dizaines et des dizaines de romans et des centaines de nouvelles. De ces dernières, on trouvera ici un choix représentatif à travers cinq textes tirés des Contemporaines du commun, jamais réédités depuis le XVIIIe siècle. Ainsi, toutes les facettes du conteur et du romancier extraordinaire que fut Restif sont ici représentées.