Voici un portrait de Patrick Berhault, icône de la montagne, alpiniste aux réalisations impressionnantes et star malgré lui. Un portrait, plutôt qu'une biographie révérencieuse, parce que Jean-Michel Asselin, alpiniste lui-même, journaliste et écrivain, évoque à sa manière toute subjective la vie de celui qui fut un ami, un compagnon d'expédition et un complice professionnel. Il témoigne des aventures partagées et des idées échangées pendant près de trente ans, comme de l'immense émotion provoquée par la disparition de Patrick Berhault en 2004.
Au début des années quatre-vingt, apparaît au firmament de la grimpe un duo d'artistes du rocher, Patrick Edlinger et Patrick Berhault, qui révolutionne l'escalade. Athlètes extraordinairement doués, inventeurs de l'entraînement, ils prônent la souplesse et la force et initient une nouvelle façon d'appréhender la voie. Leur audience est considérable. Davantage que le blond Edlinger, le brun Berhault alterne alpinisme et escalade. Jamais esclave des modes, il incarne rapidement l'image d'une montagne libre, pure, incorruptible. Il superpose mille vies en une : il explore la danse escalade, transmet sa passion de la grimpe et des cimes aux jeunes en difficulté, s'installe paysan en Auvergne et devient guide? Il reste à l'écart de la compétition alors qu'elle fascine les médias, sans cesser d'enchaîner courses et voies exceptionnelles, avec un naturel qui bluffe tous ceux qui l'approchent. Dans les Alpes comme à l'étranger, il accumule les réussites, souvent marquées par l'originalité, en marge des rivalités entre les grimpeurs vedettes de l'époque. La montagne qu'il aime est un univers joyeux et sans entrave, où le plaisir est le maître mot. Pour autant, chacune de ses réalisations est un exploit que peu pourraient reproduire. Si son palmarès est exceptionnel, c'est encore davantage l'homme qui est remarquable : sa simplicité, son humilité, sa gentillesse, font de lui un personnage unanimement salué. En avril 2004, alors qu'il a entrepris d'enchaîner les quatre-vingt-deux 4 000 des Alpes avec Philippe Magnin, il fait une chute mortelle, laissant un vide béant dans le monde de la montagne. L'émotion suscitée par sa mort a dépassé largement le cercle de l'alpinisme : son rayonnement allait bien au-delà.
Jean-Michel Asselin a chroniqué les premiers exploits de Patrick Berhault pour Alpinisme et Randonnée, puis il a relaté ses aventures dans Montagnes Magazine et enfin Vertical, magazine pour lequel il avait obtenu la collaboration de Patrick Berhault. Il signe avec ce livre le portrait sensible et personnel d'un homme des cimes complexe et attachant.