L'Eiger. L'ogre. Il suffit de prononcer ce nom pour voir frémir l'amateur de montagne, qu'il soit alpiniste convaincu ou randonneur dilettante. La conquête de sa face nord a longtemps été qualifiée de "dernier grand problème des Alpes". Un "grand problème" responsable de morts tragiques qui ont contribué à alimenter la légende.
Durant six ans, des alpinistes ont livré une lutte acharnée pour venir à bout de ces 1 800 mètres de paroi rocheuse, partiellement couverte de glace. En 1934, trois grimpeurs allemands atteignent 2 900 m d'altitude avant de rebrousser chemin. En 1935, deux alpinistes tentent à leur tour de vaincre l'Ogre. Ils n'en reviendront pas. Un an plus tard,Toni Kurz, Andreas Hinterstoisser, Willy Angerer et Eduard Rainer périssent dans d'atroces conditions : bloqués par le mauvais temps, ils essaient de redescendre, sans succès. Trois d'entre eux sont victimes des chutes de pierres, tandis que le dernier, Tony Kurz, meurt d'épuisement à quelques mètres des guides venus à son secours. Ce drame se déroule sous les yeux épouvantés des touristes : au pied de la face nord de l'Eiger, montagne "publique", se trouve l'auberge de la Kleine Scheidegg et sa longue-vue, qui permet d'assister en direct aux tragédies? Des morts, il y en aura encore jusqu'à la victoire en 1938 de quatre Austro-Allemands, Anderl Heckmair, Ludwig Vörg, Heinrich Harrer et Fritz Kasparek. Mais l'histoire les rattrape et en cette veille de Seconde Guerre mondiale, la propagande nazie ternit leur succès.
Alors que nous anons fêté les soixante-dix ans de la première ascension de la face nord, Triomphe et tragédies à l'Eiger met en lumière cette fantastique épopée, au suspense digne des meilleurs thrillers.