Scènes de la vie dans un refuge de haute montagne, où le gardien est un héros du quotidien.
À quelques kilomètres à vol d’oiseau de la station de Cauterets, le refuge des Oulettes de Gaube est, en été, accessible en trois heures de marche par un sentier qui s’élève en douceur dans un paysage verdoyant. Ce refuge de cent places est fréquenté par des "randonneurs du dimanche", qui font souvent là leur première incursion en haute montagne. Pour eux, l’arrivée aux Oulettes constitue un but en soi et, parfois, un véritable exploit. Mais le refuge est également planté au pied du Vignemale, point culminant des Pyrénées françaises (3 298 m), dont l’impressionnante face nord est convoitée par des alpinistes de tous pays, pour qui les Oulettes est une base de départ vers les voies d’ascensions et les sommets. Comment cohabitent dans les mêmes dortoirs, aux mêmes tables de réfectoire, ces deux populations qui n’ont pas grand-chose en commun, voire qui n’ont que dédain l’une pour l’autre ? Hôte de ces lieux, le gardien tente de faire le lien entre les deux communautés. Éclairer les profanes sur les règles de la vie en refuge, renseigner les alpinistes sur l’état de la montagne et ses dangers, communiquer les prévisions météo, porter secours aux blessés, des victimes d’entorses aux survivants d’avalanches : le gardien doit se mettre au niveau de tous les publics. À cette mission s’ajoutent ses tâches quotidiennes : il est cuisinier, hôtelier, plombier, couvreur, alpiniste, homme de ménage, menuisier, électricien, etc., et sur ses épaules repose le bon fonctionnement du refuge, compliqué par l’altitude et l’isolement. Sans parler de la fatigue occasionnée par des journées qui commencent souvent à 4 heures du matin, au départ des premières cordées, pour se terminer à 23 heures, après la vaisselle et la comptabilité !