Chaque randonneur, chaque grimpeur du dimanche, chaque alpiniste amateur se retrouvera dans les aventures et mésaventures loufoques du premier volume de ces Tribulations alpines.
Ils sont quatre, comme... Les Trois Mousquetaires, en un peu moins héroïques. Comme Les Quatre Filles du docteur March, en un poil plus frustres. Comme Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, à peine moins hallucinés, mais indiscutablement plus foutraques. Quatre montagnards ordinaires qui parcourent cimes et arêtes à la recherche de quelque bonheur embusqué. Le fil doré d'un pilier, les perles argentées d'un ruisseau saisi par le gel ou les courbes voluptueuses d'une randonneuse croisée sur le chemin !
" — On a combien à l'altimètre ? demande Gégé.
Après avoir secoué la fine pellicule de givre qui recouvre son duvet et sorti un boîtier métallique dissimulé sous plusieurs couches de vêtements, Claude répond :
— Plus ou moins 6 300 mètres.
– Tu vois, je n'imaginais pas qu'on puisse autant s'emmerder à 6 300 mètres d'altitude.
Trois jours d'immobilité sous la tente avaient transformé la section d'assaut de l'équipe des Français en un ramassis de vauriens contrariés et maussades. L'image du sommet s'était racornie à celle d'un indiscernable repli de terrain à la surface du globe ; relief infécond et dérisoire. Retrouver le camp de base, la tente collective, ses chants, Dina, Irina, Sérafim, le réfectoire et ses patates bouillies leur apparaissait désormais comme le seul horizon enviable. La montagne, sans le rêve, n'est qu'une géologie abstraite et périlleuse."