Quand de jeunes citadins en rebellion décident d’aller vivre dans les montagnes ariègeoises, ils ne soupçonnent pas les épreuves auxquelles ils vont être confrontés…
Nous sommes à Massat, au cœur de l’Ariège, dans les années soixante-dix. De nombreux jeunes hippies ont choisi de s’installer dans ces hameaux du bout du monde désertés par les autochtones. La rigueur du climat, la rudesse du relief rendent le quotidien particulièrement difficile. Ne s’installe pas qui veut sur cette « terre courage ». Mais Terre courage, c’est surtout l’histoire d’une confrontation entre le monde paysan ariégeois et la jeunesse hippie, souvent urbaine. Les uns doivent s’ouvrir à un monde qu’ils ne comprennent pas ; les autres apprendre à faire la part des choses entre refus du superflu et exigence du nécessaire.
Après Mon enfance sauvage, son premier ouvrage paru aux éditions Glénat en 2011 – lauréat du prix Littérature Pyrénées 2012 –, Djalla-Maria Longa nous livre ici une vraie fresque de la vie populaire ariégeoise contemporaine. Une histoire vécue de l’intérieur, en tant que fille de néoruraux.
Extrait :
C’est avec un effarement total que les Ariégeois virent débarquer, au début des années soixante-dix, de jeunes contestataires, en rupture avec la ville, refusant les contraintes comme les règles. Enfants d’une révolution lointaine – Paris en mai 68 –, voire plus lointaine pour certains – mouvement hippie californien –, ils refusaient les artifices citadins mais ignoraient tout des lois de la nature les plus élémentaires. Inconnus du pays, inconnus au pays, il leur fallait tout découvrir, fonder de nouveaux liens, conquérir une vraie liberté, au sein d’une nature puissante que tant d’autres avaient fuie : c’était beaucoup, beaucoup d’efforts à fournir. Les résultats ne se firent pas attendre.
Incapables de se nourrir, ils volèrent les poules et les lapins des paysans, comme les gitans autrefois. Une nuit, ils osèrent même s’attaquer à la livraison de l’épicerie… Scandalisés, les villageois commencèrent à les regarder de travers et à les mépriser tous, sans distinction.
« Rien que des feignasses ! » « Même pas capables de faire du bois ! Ils en sont rendus à brûler les meubles de leurs taudis ! » Un fossé se creusa, de plus en plus large, de plus en plus profond.