Soixante ans après sa première ascension, retour sur l’histoire agitée et captivante du deuxième sommet du monde.
Les années 1950 voient la conquête des plus hautes montagnes de la planète, les fameux « quatorze 8000 ». Parmi eux, le K2 (8 611 m), vaincu par les Italiens en 1954. Au lendemain du conflit mondial, de telles ascensions s’assimilent à des conquêtes, des victoires. Mais les expéditions lourdes qu’elles imposent ont avant tout un fort goût d’aventure. Dans un ouvrage remarquablement documenté, Mirella Tenderini revient sur cette quête exploratoire idéalement incarnée par le K2 : isolée à la frontière sino-pakistanaise, sa pyramide aux lignes pures ne peut que fasciner. Une montagne souveraine qui attire dès 1909 Louis-Amédée de Savoie, duc des Abruzzes, prince alpiniste visionnaire, dont l’expédition de 1954 reprendra les traces. Cette voie royale, qui conduira Lacadelli et Compagnoni au sommet, sera néanmoins pavée d’une controverse dont l’acteur central est l’immense Walter Bonatti, et qui ne trouvera son épilogue que cinquante ans plus tard. Ce K2 (deuxième sommet du Karokoram à avoir été mesuré et un temps nommé du géographe britannique Godwin-Austen), appelé Chogori (la grande montagne) en balti, est aussi le 8000 le plus meurtrier avec l’Annapurna, théâtre de tragédies dont celles de 1986, qui coûte la vie à treize personnes dont plusieurs membres de l’expédition de l’Autrichien Kurt Diemberger, et de 2008, qui fait onze victimes.