Henry Barraud (1900-1997) est une personnalité remarquable à double titre ; compositeur, il fut aussi pendant près de quarante ans l’une des figures emblématiques de la Radio : directeur de la Musique à la Libération, puis de la Chaîne nationale, ancêtre de France Culture, dont il devint l’une des voix familières avec son émission Regards sur la musique.
À plus de quatre-vingts ans, il se retourne sur le siècle qu’il a traversé et retrace son parcours : il raconte son enfance et sa jeunesse dans une famille de la bourgeoisie bordelaise, apparentée à François Mauriac, la découverte de sa vocation musicale puis le début de sa carrière à Paris, son emploi à la Sacem fournissant un exemple des professions ouvertes aux compositeurs qui ne peuvent vivre de leur plume.
Sous le Front populaire, il travaille pour la direction des Beaux-Arts avant d’organiser les manifestations musicales de l’Exposition internationale de 1937 puis d’intégrer en 1938 la Radio d’État. À la Libération, il y déploie une haute ambition culturelle, veillant aux destinées de l’Orchestre national (qu’il accompagne aux États-Unis en 1948 dans une tournée pleine d’imprévus) et initiant notamment des séries de grands entretiens avec des écrivains (Gide, Claudel, Mauriac, Léautaud…) ou des peintres (Dalí, Matisse, Miró…). Il ne cesse pas pour autant de composer (Numance, Le Mystère des Saints Innocents, La Farce de maître Pathelin) et livre un précieux témoignage du regard porté par un créateur sur son œuvre.
Au-delà du récit original de cette double carrière, cet Essai autobiographique apporte une contribution exceptionnelle à l’histoire de la musique et à celle de la Radio française et aussi, plus largement, à l’histoire culturelle du XXe siècle.
Myriam Chimènes, musicologue, est directrice de recherche au CNRS (Institut de recherche sur le patrimoine musical en France-BnF). Elle est l’auteur de Mécènes et musiciens et a édité la Correspondance de Francis Poulenc et le Journal de Marguerite de Saint-Marceaux.
Karine Le Bail, historienne, est chargée de recherche au CNRS (Centre de recherches interdisciplinaires sur l’Allemagne-EHESS) et productrice à France Musique. Elle a consacré sa thèse aux rapports entre musique et politique à la Radio française pendant la Seconde Guerre mondiale.