De 1952 à 1981, pour notre bonheur, Brassens a beaucoup chanté. Pendant toute cette période, il a aussi beaucoup parlé ! Ses déclarations, surgies ici et là, reproduites ou diffusées au hasard de ses tours de chant ou de la sortie de ses disques, n'avaient rien de convenu ni de circonstanciel. Jusqu'à ce jour, personne ne les avait rassemblées, Loïc Rochard a pris l'initiative de le faire. Grâce à lui, voici un trésor reconstitué : trente ans de libres propos d'un personnage singulier.
Georges Brassens parle de lui et de nous.
Qui aime son œuvre aimera cet " autoportrait imprévu ". Alternant allègrement rudesse et tendresse, provocation et sagesse, humilité et autodérision, Brassens se peint sous de multiples facettes : en jeune " chahuteur sournois ", en chanteur mal à l'aise, en amoureux anti-romantique, en acharné de la musique, en contrebandier du langage, en homme de parti pris et de tolérance à la fois, en adversaire tranquille de l'ordre établi, en libertaire généreux, en moraliste " solitaire mais solidaire ", en mélancolique définitif, en rabelaisien de toujours.
Laissant percer sa violence contenue, ses failles, ses doutes et ses moqueries, Brassens nous renvoie à nos colères et à nos révoltes, à nos fragilités et à nos inquiétudes, à nos railleries vengeresses. Ses mots d'hier servent de miroir impitoyable à nos maux d'aujourd'hui. S'il est une parole sagace et réjouissante, c'est bien la sienne !
JEAN-PAUL LIÉGEOIS
Directeur de la collection
" Autoportraits imprévus "
J'écris des chansons comme d'autres vont à la mer.
Ma guitare est une espèce de tam-tam nègre.
Je ne peux pas supporter l'idée qu'un homme puisse en dominer un autre, surtout pour une question d'argent.
Il ne me déplaît pas de déplaire à certains.
Je voudrais être enterré au milieu des vivants.
GEORGES BRASSENS